Dragons du Moyen-Age : Yamata-no-Orochi, un dragon japonais pas commode

Bonjour à tous,

pour inaugurer ma nouvelle catégorie consacrée aux dragons du Moyen-Age, faisons un tour du côté des légendes populaires à l'époque du Japon féodal pour découvrir l'un des dragons les plus impressionnants ayant jamais été inventé : j'ai nommé le grand Yamata-no-Orochi.

Imaginez la bête : un corps aux chairs incandescentes représentant la taille de 8 vallées et 8 montagnes, recouvert de mousse et de cyprès autour desquels s'écoulent de multiples rivières de sang. Au-dessus de cette monstruosité, 8 têtes soufflant du gaz empoisonné, dardant leurs yeux injectés de sang dans VOTRE direction... Et pour faire bon poids, ce dragon japonais est également pourvu de 8 queues aussi grosses que des troncs d'arbre, prêtes à fouetter les imprudents qui oseraient le défier. Bref : c'est un vrai dur. Comme dirait l'autre, il ne faut pas s'amuser à attaquer ça avec des dents de lait !

Détails amusants à connaître

Chacune des têtes de Yamata-no-Orochi représente un élément : la terre, le feu, l'eau, le vent, la foudre, le poison, les ténèbres et la lumière. A en croire la mythologie japonaise, le ventre de la bête renferme également une cloche gigantesque, résonnant 108 fois lorsque le dragon se met en mouvement. Ce qui gâche un peu l'effet de surprise, avouons-le.

En même temps, une bête aussi énorme, cloche ou pas cloche, tu la vois arriver de loin...

Oui, c'est pas faux... J'ajoute quand même que cette cloche n'est pas juste là pour faire joli, chacun de ses 108 tintements symbolisant un "errement humain".

La légende de Yamata-no-Orochi

Comme pour toute légende, il existe plusieurs variantes de l'histoire de Yamata-no-Orochi : dans certaines, le dragon dévore allègrement tous les villageois de la province de Koshi qui ont le malheur de croiser sa route. Il semble d'ailleurs avoir une attirance particulière pour une famille de fermiers dont il a déjà dévoré 7 filles sur 8, ne laissant plus que Kushinada.

Dans d'autres versions, c'est le roi d’Izumo qui offre chaque année une de ses filles en sacrifice au monstre jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une seule princesse : là encore, Kushinada.

En fait, je m'aperçois qu'il coûte pas si cher en bouffe que ça, le bestiau. Un être humain par an pour nourrir une aussi grosse bête ? Franchement, c'est donné. Il doit avoir un métabolisme hyper bas. Ou un problème de transit. Ou alors c'est la cloche qui prend trop de place dans son ventre peut-être.

Quoi qu'il en soit, Susanoo, le dieu des tempêtes alors en exil sur Terre, décide d'abattre Yamata-no-Orochi : il dresse une palissade autour du village, munie de 8 ouvertures devant lesquelles il place des tonneaux de saké. Les nombreuses têtes du dragon viennent s'y abreuver, sauf une, qui reste à faire le guet.

Illustration de Yama Orce

Groggy par l'alcool, le gigantesque dragon est rapidement "libéré" de ses têtes l'une après l'autre. Il a cependant le temps de provoquer un violent orage avant de périr de la main de Susanoo...

Oui, parce que le mec qui a inventé cette histoire s'est dit au dernier moment que son dragon n'était pas assez dangereux comme ça et que ce serait drôle qu'il puisse déclencher la colère du ciel aussi. C'était pas du tout un grand malade ce gars. 

Pour finir, Susanoo tranche l'une des queues centrales du dragon et en sort l’épée Ame-Murakumo-Tsurugi ("L’Épée-Nuage sourcilleuse du ciel") qu’il offrira par la suite à sa sœur, Amaterasu, déesse du Soleil. D'après la légende, Susanoo épouse également la belle Kushinada et ils fondent ensemble la dynastie Izumo... Mais ça c'est une autre histoire ! Pour le moment, je vous remercie d'avoir lu cet article et vous invite à découvrir plus sur d'autres créatures fantastiques peuplant les légendes médiévales comme les loups-garous et les selkies... Vous pouvez aussi faire un tour sur le compte Pinterest du blog pour admirer les plus belles images de dragon que j'ai pu collecter sur le net !